Les industriels de la viande et des plats cuisinés veulent rassurer leurs clients. Ils envoient des échantillons de viande au laboratoire d’analyses départemental (Idac).
A Nantes, l’Institut départemental d’analyses et de conseil (Idac) joue un rôle important en matière de santé publique, sécurité sanitaire, respect des normes environnementales. Ses 210 salariés (techniciens, agronomes, biologistes, vétérinaires…) multiplient les analyses, sur tous les fronts: qualité de l’eau, de l’air, de la terre, des fourrages, des aliments, dépistage des maladies animales (grippe aviaire, vache folle…).
Depuis le déclenchement de la crise de la viande de cheval frauduleusement incorporée à des plats cuisinés, l’Idac ajoute une corde à son arc: les tests ADN sur les échantillons de viande pour détecter l’éventuelle présence de viande chevaline. 200 échantillons ont été envoyés depuis une semaine par des industriels de la viande, des fabricants de plats cuisinés qui veulent garantir à leurs clients que lasagnes, hachis parmentier et autres morceaux de viande ne renferment pas de viande de cheval.
L’Idac mobilise sur cette nouvelle activité une équipe de cinq personnes, capables de réaliser une centaine de tests ADN par jour, pour un coût de 150 € par analyse. « Jusqu’à présent, nous pratiquions des tests ADN pour prouver l’absence de porc dans les préparations halal», raconte Bruno Caroff, directeur de l’Idac.
Concurrence des labos privésL’Idac appartient au cercle restreint de la petite dizaine de laboratoires capables de pratiquer de tels tests. Les laboratoires publics occupent toujours une place centrale dans les dispositifs de contrôles quand une crise sanitaire survient. Ce sont des sentinelles vigilantes de la sécurité sanitaire, souligne Philippe Grosvalet: « les industriels procèdent à des autocontrôles. C’est utile, nécessaire et indispensable. Mais ces autocontrôles doivent être encadrés et complétés par les analyses de laboratoires publics indépendants », déclare le président du conseil général de Loire-Atlantique, collectivité qui participe à hauteur de 17% au budget de l’Idac.
Or, ces 75 laboratoires départementaux publics sont durement « touchés par la concurrence des labos privés qui cassent les prix». Philippe Grosvalet demande aux pouvoirs publics de « conforter ces labos publics par la mutualisation de leurs moyens avec les laboratoires de l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anses), des services vétérinaires et des Fraudes ».
L’Idac, « premier labo pour le nombre de ses accréditations », est l’un des deux seuls en France (avec un laboratoire privé de Bordeaux) à déceler la présence de farines animales dans l’alimentation du bétail. Avec la prochaine réintroduction des farines de volailles dans l’alimentation des porcs et des farines de porcs dans l’alimentation des volailles, il va approfondir les analyses « jusqu’à la différenciation des espèces ». De l’activité en perspective.
Xavier BONNARDEL.
A Nantes, l’Idac mobilise une équipe de cinq personnes pour tester l’ADN des échantillons de viande envoyés par les industriels.
Frédéric Girou
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